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4 juillet 2007

Un article à placarder partout

Je ne résiste pas à la tentation de reproduire ci-dessous un merveilleux article de Pierre Rosenberg, ex-président du Louvre, que je n'apprécie par particulièrement (trop tableaux-centré, trop Poussin-centré), mais qui en quelques lignes vient demporter mon adhésion totale et de remonter vertigineusement dans mon estime !!!! Quel bonheur de voir ainsi transcrites dans les pages d'un grand quotidien (Libération), au yeux d'un large public, les idées que je porte depuis si longtemps. Demain, nos musées seront-ils vides ? L’enseignement de l’histoire de l’art devrait être obligatoire dès le secondaire avec une agrégation spécifique pour le corps professoral. Par PIERRE ROSENBERG "On apprend à lire à l’école. On n’apprend pas à voir. Depuis des décennies les historiens de l’art, unis sur ce point, se battent pour que l’histoire d l’art soit obligatoirement enseignée dans le secondaire (c’est de longue dat le cas en Italie). Plusieurs déclarations du Président de la République leu ont donné grand espoir. Mais qu’est-ce que l’histoire de l’art ? Je n tenterai pas une définition, mais répondrai à la question par un exemple Vous êtes lycéen à Chartres. Pourquoi, pendant un an, ne pas enquêter sur la cathédrale ? Les modalités de sa construction, la rapidité du chantier, pourquoi à Chartres ? L’origine des pierres ? Qui payait ? Y avait-il un architecte ? Qui le choisissait ? Que veut dire le terme gothique ? Comment et où étaient formés les sculpteurs ? Qui dessinait les vitraux ? La composition chimique de leurs couleurs, que représentent-ils et pourquoi ces sujets ? Les incendies successifs, que sais-je encore. Les approches sont innombrables qui toutes devraient éveiller la curiosité des élèves. On objectera que toutes les villes de France n’ont pas la chance de posséder un Chartres. À la vérité, si. Chaque village, chaque agglomération, chaque quartier conservent un monument, un bâtiment, civil ou religieux, ancien ou récent, devant lequel passent, sans lever les yeux, les lycéens, chaque commune a sa grotte, ses allées, son donjon, sa tour, ses œuvres d’art antiques ou contemporaines, son chef-d’œuvre célèbre ou méconnu et bien trop souvent ignoré. L’expliquer, en faire découvrir l’histoire, les conditions de sa création, qui en fut le commanditaire, mécénat public ou privé, comment fut-il reçu en son temps par l’opinion, ce qui en fait une œuvre unique, en un mot ouvrir les yeux à sa beauté (un terme qui en France fait peur), voilà ce qu’est l’histoire de l’art (bien sûr je n’ignore pas que l’histoire de l’art c’est Caravage et Picasso, Giotto et Rembrandt, Versailles et le Louvre, les pyramides et la Grande Muraille de Chine, le patrimoine de la France, mais aussi les civilisations proches ou lointaines dans le temps comme dans l’espace). Mais, dira-t-on, beaucoup n’est-il pas déjà fait ? Les initiatives publiques et privées sont nombreuses, services éducatifs, visites de musées par les scolaires, excursions, etc. et leur importance n’est nullement négligeable. Il n’en est pas moins vrai que manque l’essentiel, un enseignement délivré par des historiens de l’art. Il n’existe pas en France, on l’ignore souvent, d’agrégation d’histoire de l’art et il y a peu de chance, soyons réaliste, qu’une telle agrégation autonome voit le jour dans un proche avenir. Actuellement, les enseignants d’histoire de l’art du supérieur sont en grande majorité agrégés, mais de lettres ou d’histoire. Une solution plus simple existe : une forte option (une «dominante») histoire de l’art, dont la préparation serait assurée dans les départements d’histoire de l’art des universités, accompagnerait les agrégations d’histoire ou de lettres modernes. On me fera remarquer qu’il existe une agrégation d’arts plastiques. Ce serait une grave erreur d’y rattacher une option histoire de l’art. Les arts plastiques éveillent à la création, l’histoire de l’art apprend à regarder. Ce sont deux démarches contradictoires. L’essentiel, et c’est le point sur lequel la communauté des historiens de l’art ne pourra pas céder, c’est que cet enseignement, quelles que soient ses variantes, ses modalités, sa pratique, soit le fait d’historiens de l’art formés à cet effet, le fait de professionnels. L’immense succès des musées et des expositions dont on ne peut que se réjouir est un leurre, un trompe-l’œil. Il ne bénéficie qu’à une minorité: celle dont les parents auront régulièrement traîné leurs enfants (pour leur plaisir, mais aussi parfois non sans résistance) dans les musées. Si l’on veut démocratiser la culture, donner accès à tous aux œuvres d’art, procurer cet émerveillement qui accompagnera par la suite une existence entière, si l’on veut ouvrir les yeux à la beauté (je me répète) et que demain musées et palais, églises et châteaux soient encore visités (et ne deviennent pas des cimetières), il faut que l’histoire de l’art soit enseignée dans les lycées, il n’y a aucune autre solution. «C’est avec les enfants que tout se joue» (Nicolas Sarkozy)." Une précision : pas besoin de créer un CAPES ou une agrèg d'histoire de l'art : pour nous, futurs ou jeunes docteurs en histoire de l'art, l'enseignement dans le secondaire (même si cela n'a jamais été notre rêve) constituerait un débouché supplémentaire pour nous qui en manquons tant. Et nous serions on ne peut plus qualifiés : expérience de l'enseignement, et connaissances : à bac plus 10, on en manque pas !!!
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Commentaires
M
Elbeuf forever, tout à fait d'accord avec toi mais le point de départ peut être autre chose qu'un musée (on sent le conservateur là ;-)) : dans le moindre recoin de France, tu as des églises, des châteaux, un patrimoine bâti rural ou citadin forcément intéressant... et même cela pourrait consister à aller rendre visite à des ateliers d'artisans locaux (ébénistes, souffleurs de verre, tapissiers...) quand il y en a et compléter ensuite avec des notions théoriques plus larges sur l'histoire de tel ou tel art. Je pense que surtout, il faudrait bien adapter l'enseignement aux différents niveaux et ne pas se cantonner aux chefs-d'oeuvres des grands musées, ou aux "Beaux-arts", (notion éculée qui sent le XIXè) mais au contraire faire largement découvrir la valeur des Arts dits mineurs : ça peut être une très bonne base pour éveiller l'intérêt des jeunes : leur montrer que l'art ce n'est pas seulement de belles idées, des théories éthérées, mais avant tout un artisanat transcendé par l'esprit humain. Bref, ils peuvent m'embaucher, j'ai un programme.
E
J'ai vu sur Libé que tu avais réagi, et j'ai laissé mon commentaire également. Pas la peine donc que je le réécrive ici. Unh des problèmes de la démonstration de Rosenberg, c'est que tous les musées, loin de là, ne conservent pas des collections liées à l'histoire de l'art... En outre, mieux vaudrait enseigner une histoire DES arts qu'une "bête" histoire DE l'art, non ? Bon, la faim me fait blasphémer, je vais aller préparer le dîner !
M
Annabelle, je ne crois rien car cet article n'a que valeur d'éditorial donc d'opinion perso de Rosenberg qui lance une bouteille à la mer sachant très certainement lui-même que ça n'intéressera personne. Seulement j'étais heureuse de voir qu'un grand ponte pouvait exprimer de telles idées.<br /> Je remettrai certainement cet article sur mon blog à la rentrée car en ce moment, vu le petit nombre de visiteurs, je ne crois pas qu'il soit beaucoup lu.<br /> Quant aux concours, si j'étais plus jeune, je me coltinerais bien une tentative de passer l'agrèg pour voir ce que je vaux dans ce domaine. Mais le bachotage... après [...] années de recherche... je crois que mon cerveau n'est plus en état.<br /> Enfin, pour terminer, je suis preneuse de tout article intelligent et objectif, de quelque journal qu'il vienne ;-)
A
Crois-tu que grâce à Pierre Rosenberg nous allons trouver du travail? Je l'espère vivement!<br /> <br /> Pour le Capes ou l'agrég en HA, en vertu de notre carcan administratif et universitaire, nous serions, je crois, obligés de nous y coller à ces sésames de l’enseignement dans le secondaire.<br /> Malheureusement… <br /> <br /> Merci d'avoir mis cet article sur ton blog. Lectrice assidue de Libé, je suis passée à côté hier (ma journée fut chargée). Et maintenant, ton surnom est fiché chez les gauchistes de Libé;-)
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